
Nous étions donc 5 coureurs, pas tout à fait perdus, dans
cette imposante foule des marathoniens.
Assez proche de la ligne de,
départ il y avait Éliane et son copain François
(de St Rémy), et là, tout en haut, proche de l'Arc de
triomphe, dans le futur peloton des coureurs cherchant à
réaliser 4h 30, Paulette et Danielle, son ami de Metz …
et moi (Roger). Nous ne risquions pas de nous voir !!
Éliane M. et
François ont donc pris le départ dans de bonnes
conditions, sur des bases raisonnables pour être entre 4h et 4 h
30. Éliane en bonne forme a pu suivre l'allure
régulière de François, tout en gardant une
certaine prudence car le marathon de 2005 lui avait été
pénible.
Sans grand "coup de pompe" , mais quand même bien contents de
passer l'arrivée ils terminent dans un temps qui les satisfait.
Revenons à notre trio. Nous
avions décidé de nous rendre en voiture assez près
de l'arrivée.
En partant à 6h 45 nous avons pu profiter d'une circulation
très calme et nous garer sur la Route de Suresnes où
passe le Marathon, assez près de la Place de Lattre de Tassigny,
à environ 1 km de l'arrivée et près de 2 km du
départ.
En guise d'échauffement nous avons donc tranquillement rejoint
la zone de départ, en essayant de ne pas nous perdre dans la
foule qui peu à peu devenait plus nombreuse. Au passage nous
avons traversé la zone d'arrivée,
démesurément étendue et équipée:
elle attendait ses plus de 30.000 coureurs !
Mais au fait, comment en étions nous parvenus à prendre le départ ?

Paulette P. et Danielle C., fortes d'une
longue expérience à la marche longue distance (elles ne
comptent plus les 100 km) sont progressivement venues se tester sur la
course avec un certain plaisir en nous étonnant par leurs
grandes qualités mentales et physiques.
Elles ont très peu de marathons à leur actif et,
après New York en 2005, suivi d'un entraînement
adapté (principalement avec le GAG pour Paulette), elles
viennent pour améliorer leur temps, objectif : moins de 4h 30.
Quant à moi, qui a
(encore) le goût de certain challenge, entre autre celui du "jeu
de la vie" et peut-être de "faire école", j'ai
décidé (en septembre 2005) de faire mon 33ème
marathon à Paris, après 5 ans sans marathon. Encore
fallait-il que cela soit rendu possible, par l'entraînement
… et la chance !
L'objectif était donc clair: je voulais courir et terminer
le marathon, le temps n'était pas ma priorité mais
après quelques tests sur les semi- marathons j'espérais
faire entre 4h 30 et 5h.
Bon, maintenant on y est: "yapuka"
courir !. Après réflexion j'avais proposé à
Paulette de courir ensemble pendant les 30 premiers km sur la base de 3
heures.
Je pensais qu'elle pourrait maintenir ( presque) l'allure ce qui la conduirait sous les 4h 15 à l'arrivée.
Pour moi ce serait plus dur et je m'attendais à devoir
récupérer après les 30km mais quand même
rester en dessous de 5h.
Pour Danielle c'était simple: elle courrait au feeling, ce qui
est peu recommandé …mais lui a assez bien réussi !
Nous patientons donc, bien au
chaud dans la foule sympathique des coureurs qui espèrent passer
l'arrivée en 4 h 30.
Le départ est probablement donné à 8h 45, ce que
nous apprend une immense clameur , car pour nous il ne se passe rien.
Au bout "d'un certain temps"
ça bouge un peu; on commence à courir et la vigilance
s'impose car des milliers de coureurs ont laissé pèle
mêle sur la chaussée des sacs poubelles, vieux
survêtements, bouteilles …on peut s'interroger sur cette
pratique !
Après environ
18 mn
nous passons la ligne de départ, les premiers sont à plus
de 5 km, aux environs de la Bastille … ça va être
dur de les rattraper !
Grand virage du peloton à
la Concorde pour s'engouffrer dans la rue de Rivoli beaucoup plus
étroite: c'est assez difficile de maintenir l'allure mais
Paulette réussi à me suivre sur la base prévue,
d'ailleurs nous rejoignons le groupe piloté "ballon violet" qui
vise 4h 30. Le slalom dans cette partie pompe certainement de
l'énergie.
Bientôt l' Hôtel de
Ville, la Bastille (génial ! ), la Place de la Nation, les
boulevards des Maréchaux, la Porte Dorée.
On est maintenant au km 10 que
l'on passe en 1h. On court depuis un moment à "allure libre" et
l'on a choisi de se ravitailler au début du Bois de Vincennes,
en autonome grâce à nos Camel bac, après le
ravitaillement officiel du 10 km, très tumultueux !. Cet
arrêt est court ( # 30 s), assez pour manger une barre et boire.
Nous repartons en reprenant
progressivement notre allure de "croisière". Il y a
évidemment beaucoup de coureurs mais les positions changent
assez peu pour l'instant. Je donne l'allure prévue
(10 km/ h) sans trop forcer ni ressentir de douleur gênante, et Paulette me suit sans marquer de difficulté.
Grand tour dans le Bois de
Vincennes en nous dirigeant vers la Porte de Charenton. L'allure est
toujours bonne ce qui me permet de bien regarder les lieux et les
coureurs (oui , bon d'accord, plutôt les coureuses).
Alors que je contemple, avec tout
l'intérêt esthétique qui lui est dû, une
charmante coureuse, j'accélère (un peu) pour avoir un
autre angle de vue, par exemple le profil ! …et là je
découvre, un peu plus vers l'extérieur, Philippe
Janin !! Tant pis pour la belle inconnue mais j'ai plaisir
à saluer Philippe car je sais que la course sera dure aussi pour
lui qui est à court d'entraînement.
Nous sommes maintenant proches de
la Porte de Charenton, au km 20, exactement dans le temps prévu
(2 h), mais pour ma part je sens déjà que j'ai
dépensé pas mal d'énergie. Nous faisons
notre arrêt un peu après, cette fois ci d'environ 2 mn,
pour manger une barre, boire et effectuer une pose technique.
Je suis toujours
décidé à maintenir la même allure même
si ça devient plus difficile, donc objectif 3h 02 au km
30. Paulette me semble bien et j'espère qu'elle ne faiblira pas
beaucoup après le km 30 …ce qui va être
probablement mon cas.
Nous repartons donc au même rythme vers la Place Daumesnil, la
Bastille d'où nous rejoignons les quais, avec ses tunnels et
rampes successives que j'aborde sans forcer ce qui me permet de ne pas
ressentir ces petites montées.
Nous sommes maintenant proches du
Palais de Chaillot, au km 30 que nous atteignons en 3 h 02. Premier
objectif atteint mais, comme prévu j'ai dû puiser dans mes
ressources pour maintenir le rythme, il s'impose maintenant que je
récupère … bien que cela va encore augmenter la
durée de l'effort ! Paulette ne me paraît pas très
éprouvée; je lui dis donc de poursuivre au même
rythme, au moins jusqu'au km 37, et de terminer en limitant le
fléchissement final autant que possible.
Paulette partie je m'arrête
pour boire, manger une barre, … et je repars en marchant !
J'ai maintenant mal, un peu (
objectivons !) partout, en particulier aux genoux mais bon pas de
raison qui m'interdise de poursuivre un effort un ton en dessous
(positivons !). De plus, comme on est déjà (!) au km 30,
il n'en reste "que" 12 km; même si ça va mal je devrais
pouvoir les faire en 2 heures, soit 5 heures au total, ce qui est
encore dans mes prévisions. Donc l'image de l'arrivée
comme objectif à atteindre, après celles des km 10-20-30,
devient très présente (visualisons !).
Pour l'instant mon
problème dominant est le manque d'énergie: il faut
laisser le corps se récupérer en diminuant l'effort. Donc
je marche et me ravitaille; je ne suis pas le seul, beaucoup de
coureurs ont un coup de pompe. De temps en temps je cherche à
relancer ma course sur quelques centaines de mètres pour voir si
ça revient un peu. A ce rythme j'atteins quand même le km
36, j'ai mis près d'une heure depuis le km 30 !
On a quitté les
quais de la Seine depuis un moment pour entrer dans le Bois de Boulogne
où l'on va faire quelques boucles avant de rejoindre
l'arrivée. Je suis surtout occupé à essayer de
courir et je ne mémorise plus les endroits où l'on
passe. Le peloton est maintenant assez fluide et les coureurs se
dépassent en alternance au rythme des séquences
course-marche.
Contrairement au parcours dans
Paris, où le public était nombreux et encourageait les
coureurs, les parties dans les Bois de Vincennes et Boulogne sont
plutôt calmes.
Peu après le
ravitaillement du km 35, où je ne m'arrête pas, il y a un
stand régional, de Bretagne je crois, où une jeune fille
propose …du cidre ! Bien que selon les mauvaises langues je ne
"vaux pas un coup de cidre" je m'arrête quand même
pour tenter l'expérience. Pendant que je déguste un peu
de cidre j'aperçois ….Danielle C. qui dans sa course au
feeling a bien progressé . Elle repart en courant sans me voir
et je la suis en espérant pouvoir courir un peu …
et je m'aperçois que j'ai un peu
récupéré, assez pour courir lentement.
Maintenant je vais essayer de
m'arrêter le minimum de temps jusqu'à l'arrivée.
Danielle continue à courir et je la suis à petite
distance.
On longe l'hippodrome d'Auteuil
puis on arrive Route de Suresnes et l'on passe devant ma voiture. Je
sais maintenant qu'il reste un peu plus d'un kilomètre. Tout
à coup Danielle s'arrête, juste le temps de prendre une
bouteille d'eau; comme j'étais presque à sa hauteur je la
dépasse et me retrouve seul … parmi tous les autres,
pressés comme moi d'en finir !
Voilà la Place de Lattre
de Tassigny puis l'avenue Foch. J'ai un peu
accéléré et j'essaie de voir le portique qui
annonce l'Arrivée … c'est long. Enfin je le vois, encore
un effort. La zone d'arrivée, avant la ligne, est plutôt
calme par rapport au départ ! Je vois la pendule, qui ne me dit
rien car j'ignore le décalage du départ.
Je sais surtout que je suis
arrivé, pas tout à fait à l'état neuf
(aïe les genoux), mais sans blessure sérieuse !
Challenge gagné, j'attends
un peu pour savourer car dans la partie arrière de la zone
d'arrivée, qui s'étend sur des centaines de
mètres, c'est la foule.
On nous remet un sac avec divers
petits lots (eau, fruit ..) et une grande housse de protection en cas
de pluie et/ ou de froid. Plus loin on nous retire notre puce qui a
attendue patiemment que l'on termine, puis on nous remet avec le
sourire une grosse médaille …
Je m'assois sur un rebord de
trottoir (il n'y a pas beaucoup de place libre) … j'en est
marre, mais je suis content car je pense à vous, mes amis du GAG
et compagnons de course ainsi qu'à quelques proches qui se
reconnaîtront.
Après quelques temps je
reprends le chemin inverse pour retourner à la voiture …
et j'aperçois Danielle qui fait de même. On
échange nos impressions de course: elle est très
satisfaite car elle partait un peu dans l'inconnue et termine sa course
dans un temps correct, sans avoir vraiment peiné (ça
n'est pas mon cas). Le fait est qu'elle donne l'impression d'être
peu éprouvée.
Nous atteignons la voiture
où nous attend Paulette depuis environ un quart d'heure. Elle
est satisfaite de sa course puisqu'elle améliore nettement
(environ 15 mn) son temps de New York. Pour elle la course a
été dure et elle a nettement fléchi vers le km 35
… mais la satisfaction domine !
Danielle nous démontrera
sa faculté de récupération en décidant de
rejoindre la Gare de l'Est à pied (environ 8 km),
malgré nos propositions pour la raccompagner. On
appréciera !!!
En conclusion: un marathon
"gigantesque" que nous sommes heureux d'avoir fait dans de bonnes
conditions, avec des résultats qui nous font plaisir.
A faire au moins une fois pour les amateurs de marathon … et de bain de foule !!!