COURSE: 100 km de CLEDER ( Bretagne )
Distance: 100.000 m Date: 26/08/01
RESULTATS:
PRENOM CAT TEMPS PLACE/TOT PLACE/CAT
THIERRY D. SM 9 29 24 369/1327 132/329
ELIANE M. VF1 12 19 12 1011/1327 45/56
Informations générales:
-Partants: 1706 Arivants: 1327
-Temps et nombre d'arrivants par catégorie:
SF VF0 VF1 VF2 VF3 VF4
7 31 12/ 26 7 50 58/ 24 8 10 19/ 56 8 26 02/ 39 11 30 16/ 4 0
SM VM1 VM2 VM3 VM4
6 33 28/ 329 6 45 47/ 538 7 45 40/ 253 8 36 09/ 51 12 20 50/ 7
CONDITIONS DE COURSE:
Temps: au départ, à 5 heures, ciel couvert, vent faible, température voisine de 15 °C (déjà); le temps se dégrade progressivement, une pluie fine qui rafraîchit l'atmosphère tombe pendant environ 2 heures (de 10 heures à midi) puis le soleil apparaît amenant la chaleur à environ 25 °C vers 17 heures.
Parcours: 2 tours d'une boucle légèrement vallonnée empruntant des routes communales, des chemins de campagne et des sentiers côtiers. Châteaux, calvaires, sentiers champêtres, dune;
le parcours, varié, pittoresque et vivifiant, traverse six communes.
Marquage: tous les 5 km; épongeage tous les 2,5 km; ravitaillements tous les 5 km, bien adaptés à l'épreuve.
Organisation: maîtrisant bien tous les aspects de cette importante épreuve puisqu'il s'agit des championnats du monde.
Ambiance: malgré le nombre important de coureurs (près de 2000), l'ambiance reste celle des cent-bornards, chère à Thierry et aussi à Eliane maintenant.
Préambule:
Thierry a couru ce 100 km pour tenter d'améliorer son temps de Chavagnes en Paillers (le 26/05/01). En effet il avait beaucoup investi dans un entraînement spécifique sans que son temps soit à la mesure de ses espoirs. Il avait donc changé de préparation pour cette " deuxième chance" de Cléder: challenge gagné avec un temps amélioré de 1 17 06 !
Eliane, qui allie la gentillesse à de remarquables qualités d'endurance, avait effectué un test très encourageant lors des "douze heures de Bures" ce qui l'a décidée à se lancer dans la grande aventure d'un "vrai" 100 km. Pour elle aussi challenge gagné, et de belle manière.
Elle nous fait un récit enthousiasmant de sa course.... à lire et à méditer !
Bravo à tous les deux pour cette grande performance.
Commentaires d 'Eliane:
Comment vous parler de 12h19mn12s de course sans faire trop long ; ça va être très dur, mais quand même j'ai envie de vous faire partager cette journée qui sera pour moi je le crois inoubliable.
Départ 5 heures du matin. Atmosphère feutrée, très calme; il fait lourd, il fait noir.
Mes supporters sont là (Christian-Milène-Jérôme-Annie-Alain); ils vont bientôt retourner dormir pendant deux petites heures avant de me rejoindre au lever du jour .
Coup de canon il faut partir. Ça y est, on va pouvoir se défouler. Depuis le temps qu'on en parlait de ces 100km, ils sont là il faut les faire; pas que pour soit, pour tous les autres qui croient en nous, 1857 participants se lancent, entourés de 2000 lève-tôt qui sont venus nous applaudir.
On part tous sur la pointe des pieds. Il fait doux. Après une boucle dans le village de CLEDER nous voici déjà en pleine campagne; toutes les lampes de poche sont allumées.
Pour détendre l'atmosphère, il y a déjà des petits rigolos qui donnent leurs impressions et racontent des bêtises qui nous font oublier, pour un moment, qu'on va souffrir dans pas longtemps et qu'il va falloir tenir le coup.
Dans les champs les tracteurs sont allumés plein feux, alors on éteint les lumières pour quelques temps puis tout redevient noir. Tiens, là il y a une petite côte; ça passe bien, on n'y voit rien (on verra au deuxième tour).
50mn de course tout va bien (heureusement). Je rejoins un petit groupe qui discute pas mal et qui me remarque : "vous allez faire un tour ou les deux ?" (le parcours se compose de deux boucles de 50km). Je réponds "2 tours"; alors me dit l'un d'eux, "un conseil, ne restez pas avec nous, ralentissez car nous sommes partis pour un tour". Je le remercie et les laisse partir loin devant moi en rétrogradant un peu.
J'ai hâte que le jour se lève. Christian m'a donné rendez vous à PLOUESCAT vers 8 heures pour un échange de bidon et faire quelques kilomètres avec moi - et puis aussi je dois embrasser Jérôme qui repart à St Rémy et doit prendre le train ce matin pour Paris.
Le parcours n'est pas monotone. Voici que nous traversons un magnifique château, qui rien que pour nous a été illuminé; j'entends çà et là des oh que c'est beau et je me retourne à plusieurs reprises pour le voir encore et encore; je le reverrai de plein jour cet après midi (du moins je l'espère fort).
En attendant, dans le village suivant dont l' horloge de l'église marque 7 h 10, c'est l'odeur du pain chaud et des petits croissants (que je n'aurais pas la chance de savourer ce matin) qui me monte dans les narines et me ferait bien stopper là sur place, mais impossible, on m'attend plus loin.
3 h 15 depuis le départ et d'un coup j'entends des cris - c'est pour moi tout ça - et oui c'est Milène qui crie "vas y maman" ! et qui prend une photo au passage. Annie & Alain sont là également dès l'aube pour m'encourager; ça fait du bien, il y a encore de la route à faire.
Je fais un gros bisou à Jérôme et lui souhaite bon voyage (lui il est dans les nuages: il a vu les champions passer il y a quelques temps et voilà que maintenant c'est sa mère; il est un peu déboussolé).
Christian me prend au passage, me donne un autre bidon de rechange; l'autre n'est pas terminé et j'ai déjà droit à la première remarque : "il devrait être vide ! Qu'as tu fais ?" Sûr que je n'ai pas assez bu, mais pour l'instant ma priorité c'est tenir un rythme de croisière qui va me faire aller jusqu'au bout.
D'ailleurs je vais peut être l'avoir trouvé ce rythme; je m'accroche à deux personnes devant moi avec qui je vais sympathiser (Mado & Michel), deux cent-bornards confirmés. Ils vont me donner des conseils et je vais faire une bonne partie de la première boucle avec eux. Michel aura même la gentillesse de m'attendre par moment, pour ne pas me laisser seule sur le parcours où les coureurs sont déjà très échelonnés au bout de 3 à 4 heures de course.
Christian qui m'accompagne en profite pour me faire boire et m'alimenter correctement. Il me répète sans cesse que c'est la base de ma réussite; il a sûrement raison. Le temps est toujours très doux, on fait la causette.
Mado & Michel sont bretons; ils viennent du Morbihan et ne manquent pas de me parler de toutes les courses à pieds qui se passent en Bretagne. Les bretons aiment bien courir; ils sont très chaleureux. Jamais je n'aurai vu tant de monde que ce jour à une course (mais je vous parlerai des spectateurs à l'arrivée).
Le deuxième point de rencontre de mon fan club est à KERFISSIEN. Christian, qui commence
à souffrir de petites douleurs aux jambes (évidemment courir à 8 km/h pour un Triathlète !!), est bien content pour un moment de donner la relève à Walter qui arrive tout frais.
Je fais un bisou à Christian et repart avec Walter qui va prendre soin de moi durant deux heures environ, tandis que Milène continue son reportage photos et que des voix me disent "allez Eliane". Je me renseigne auprès de Walter sur le déroulement de la course: où en sont les premiers ?. Est ce qu'ils vont me doubler a la fin de mon premier tour ? Walter me rassure: pour l'instant le premier est un Japonais. J'ai un rythme régulier et mon moral n'en prendra pas un coup car je ne verrai pas les champions revenir sur moi.
5 heures de course; le marathon est passé (4h 57mn). Le temps malheureusement se dégrade et
c'est la pluie qui s'installe petit à petit au fil du parcours. J'ai perdu Mado & Michel et suis un peu désolée. Je me retourne, je les distance, à regret. Walter me dit "Eliane c'est ta course" ; il a raison, je ne dois pas tomber dans l'affectif. Je suis bien et prévois 6 heures aux premiers 50 km . Walter me retient un peu dans les descentes: "gardes en pour plus tard" me dit il, il y a encore du chemin. Je papote, je me sens bien et suis mon petit bonhomme de chemin.
Je suis légèrement vêtue et commence à avoir froid. Heureusement le premier tour va être bouclé, je passe une première fois la ligne d'arrivée.
Là, c'est l' hécatombe: il y aura 500 personnes qui s'arrêteront au premier tour sur cette ligne. Je ne fais pas attention à cela et savoure les applaudissements du public, et surtout ceux de mon fan club.
5h 55mn, première boucle; j'ai 5 mn d'avance, tant mieux. Je vais pouvoir me changer. Il
pleut toujours, et Liliane est là pour me donner du rechange; tout était préparé d'avance, quelle organisation ! Je fais un bisou à Walter en guise de remerciements.
Il aura couru avec moi durant 2 h (il reviendra encore plus tard, vous verrez); il n'a plus qu'à aller prendre une bonne douche, quel veinard !
Je suis changée, sèche. Je vais avoir enfin un peu chaud, mais il pleut toujours.
C'est Christian qui prend la relève de Walter. Je vais très bien. J'ai fait 50km, je suis encore en pleine forme. En fait ce que je redoute, c'est entre 70 et 90km; on verra si je ne me trompe pas¼.
Je prends des nouvelles de tout mon petit monde autour de moi auprès de Christian. Maintenant les champions vont arriver. Le 1er aura bouclé les 100 bornes à 11h 33 (6h 33 de course); moi pas avant ce soir 17heures (c'est l'objectif que je me suis donné), mais je sais déjà que je vais déborder vu le profil du parcours que je découvre petit à petit - mais je garde l'espoir - l'essentiel c'est d'arriver
Il est midi passé et la pluie a cessé, c'est un grand soleil qui l'a remplacée, quelle transition. Maintenant il fait chaud, trop chaud pour courir. J'ai quitté kway/T-shirt.
Kri me donne un débardeur, je suis mieux. Je bois beaucoup plus que ce matin.
60 km. Walter qui a pris une bonne douche et a fait une sieste (je rigole !) nous rejoint, cette fois en VTT, c'est plus facile et plus pratique. J'ai chaud, le moral se dégrade. Christian ne sait plus trop quoi faire (mari & femme : pas toujours très simple !). Walter anime le climat et me donne une casquette que l'on aura bien mouillée pour me rafraîchir.
Depuis plusieurs kilomètres je rivalise avec trois filles du nord de la France. Elles sont bonnes, ont un moral d'acier. Elles fléchissent dans les côtes, que je monte parfaitement à l'aise (merci Nathalie & Annie), ça c'est l'entraînement, mais sur le plat je les retrouve; ça motive et aide à continuer.
Le grand beau temps est toujours là. 70km, il en reste 30; c'est peu mais encore beaucoup et rien n'est gagné. Nouveau point de rendez vous, j'entends des cris de partout; Milène, Alain m'encouragent et Annie vient se joindre à Walter pour terminer avec moi. Christian, qui souffre toujours un petit peu de douleurs à ses jambes, en profite pour nous quitter un moment et nous reprendra plus tard avec Alain.
Annie est aux petits soins pour moi, elle me donne chocolat, sucre, bouillie etc... Je ne sais plus quoi avaler, je suis rassasiée, mais il faut que je m'alimente si je veux aller jusqu'au bout.
75 ou 78 km, je ne sais plus, je ne vois plus rien; c'est Alain qui se joint à nous pour terminer
en beauté ce périple. Comme promis Kri est là aussi et nous voilà tous repartis. Dans tout ça Annie oublie de se ravitailler et en paiera les conséquences à l'arrivée¼
Moi je suis dure de partout. J'ai des nœuds dans le ventre, je suis ankilosée, mais je dois terminer ! Alors on y va. Le parcours n'est pas des plus facile, en particulier les chemins côtiers sur la plage.
Je double, je double, et je compatis pour tous ceux qui marchent maintenant parce qu'ils veulent aller jusqu'au bout et n'en peuvent plus, Walter, Alain et Christian eux s'amusent follement en se lançant de l'eau avec leurs bidons.
Annie les rappelle à l'ordre. Moi je ne vois plus rien et demande sans cesse l'heure, le compte à rebours a commencé et nous avons passé les 90 km. Plus que 10 km.
Pour les 12 heures, c'est cuit; alors je me dis peut être 12h 10; on va essayer . Je demande l'heure sans cesse (j'apprendrais quelques jours plus tard par Walter que, pour me rassurer, il avançait les quarts d'heures). Christian, qui tient le chrono, me dit sans cesse "c'est bon tu va y arriver, cours". Ça pour courir, j'ai couru !!!
Les 2 kilomètres restants je ne verrais plus rien, sauf les 500 derniers mètres que je vais savourer.
Je cours la tête baissée, d'autant plus que, pas de cadeau, c'est encore un faux plat montant.
Puis voici Milène et Ludovic qui vont finir avec moi les 800 mètres restants. J'entends une foule autour de moi, des cris, des applaudissements. Je vois la ligne d'arrivée et le chrono qui inscrit 12h19 et des brouettes. Pas question que je dépasse les 12h 20mn, alors il me reste un peu de ressort et je sprinte jusqu'à l'arrivée où le chrono affichera 12h19mn12s.
Liliane me mitraille avec l'appareil photo et j'ai encore la force de sourire et de remercier tout ce chaleureux public Breton qui est encore là, et sera encore présent à 21 heures lorsque le dernier participant aura terminé en 15h 57mn 28s.
Voilà, je vous l'avais dit, c'est très long , mais c'est super !
Un conseil, si un jour vous voulez faire 100km, (il n'y a pas que moi qui suis folle),
n'y allez pas tout seul, faites comme moi, emmenez tout votre fan club avec vous¼¼..
Quelques Chiffres :
1857 PARTICIPANTS - 33 NATIONS REPRESENTEES -
1327 ONT PARCOURU LES 100KM
1ER SEH 6H33MN28S - DESVIGNES THIERRY 9H29MN24S 369E/1327 - 329SEH
1E V1F 8H20MN19S - MARTIN ELIANE 12H19MS12S - 1011E/1327 - 102E/149
C'est enfin à l'arrivée que nous avons pu rencontrer Thierry, que nous avons cherché pas mal de temps la veille et aussi sur la course.
J'ai appris avec joie qu'il avait bouclé son parcours en 9h 29, il était aux anges (bien que je l'ai trouvé un peu palot)...
Nous avons échangé nos impressions et il m'a félicitée.
Il portait à bout de bras un cageot en guise de cadeau contenant devinez quoi ?: des produits
BRETONS (Artichauts, Tomates, Choux fleurs, Brocolis, Œufs, Carottes, Echalottes, Bière de Morlaix, comme nous avions reçu à la remise des Dossards la chope des 100KM ça tombe bien).
Nous avons, avec Christian, fait une cure de légumes de Bretagne durant la semaine suivante. Celle-ci fût très agréable et reposante.J'ai pu aller visiter, en prenant tout mon temps, les châteaux que j'avais traversés ce 26 Août.
Pour en revenir à Thierry que j'ai quitté avec son cageot: il m'a dit qu'il rentrait par le train lundi 27.08 (avait-il avec lui son cageot sous son bras ?) .
ELIANE